Après 90 minutes : Amou Madol de la Saskatchewan, championne de la diversité au soccer universitaire
La représentation, c’est important.
C’est pourquoi Amou Madol, l’arrière-centrale partante de l’équipe féminine de soccer des Huskies de l’Université de la Saskatchewan, retire autant de fierté de tout ce qu’elle a accompli. En tant qu’athlète étudiante noire dans un sport où il n’y a pas eu beaucoup d’autres personnes qui lui ressemblent, d’être en mesure d’aider à faire croître le sport a une grande importance. Le mois de février présente l’occasion parfaite d’aller en ce sens.
« En grandissant, je n’ai pas vraiment vu beaucoup de représentation d’athlètes noirs, affirme l’athlète de quatrième année de Regina. Je pense qu’il est important de faire de la sensibilisation à l’occasion du Mois de l'histoire des Noirs et de faire en sorte que les gens comprennent l’importance d’avoir cette visibilité dans le sport parce que nous voulons la diversité, nous voulons des athlètes noirs qui excellent et qui atteignent leurs objectifs. »
Même à travers différents sports, Madol croit que la présence ou l’absence d’autres athlètes noirs fait une énorme différence. Ayant aussi participé aux épreuves de saut en hauteur à l’Université de Regina avant d’avoir joint les Huskies, l’athlète de deux sports pouvait clairement voir la différence entre les deux. À l’intérieur de la piste d’athlétisme, elle était accompagnée d’autres athlètes noirs avec qui elle pouvait créer des liens, même si elles ne s’affrontaient pas les unes contre les autres dans le cadre de compétitions. Au soccer, toutefois, elle était souvent la seule joueuse noire sur le terrain.
« Suis-je la seule qui a l’air de ça? Où sont les autres? Je devais simplement retrouver ce qu’il y avait à l’intérieur de moi et être ma propre communauté, raconte Madol en parlant du fait d’avoir joué au soccer dès un jeune âge et d’avoir grandi avec ce sport. Je crois que ça [la diversité] s’améliore quelque peu. J’aimerais voir davantage d’athlètes noirs sur le terrain. »
Les plus grandes initiatives au niveau des sports universitaires canadiens peuvent faciliter les avancements en matière d’équité, diversité et inclusion (EDI). Jerson Barandica-Hamilton, entraîneur-chef de l’équipe féminine de soccer des Huskies, soutient cette notion selon sa propre expérience, ayant joué au soccer pendant cinq saisons à l’Université de la Saskatchewan, de 2007 à 2011.
« Nous avons remarqué que plus on en parle, plus le professionnalisme des programmes croît, a dit Barandica-Hamilton. On parle du Mois de l'histoire des Noirs, mais on commence aussi à voir beaucoup d’athlètes du Moyen-Orient, des athlètes européens... Ce que je vois, c’est que plus de jeunes provenant de l’international viennent au Canada pour étudier et jouer à un haut niveau. »
En dehors du sport, Madol veut en faire encore plus pour aider et redonner à sa communauté. En tant qu’étudiante du programme de pharmacologie, elle veut être en mesure d’utiliser ses compétences pour apporter une contribution au milieu de la santé, avec comme objectif de travailler avec les groupes sous-représentés et mal desservis, de même qu’avec les nouveaux arrivants au pays. Elle espère les aider à avoir accès aux services de soins de santé dont ils ont besoin, mais qui ne sont pas nécessairement capables d’obtenir facilement.
« Je fais évidemment partie de la minorité visible, appartenant à un groupe que les gens négligent parfois, a dit Madol. Il y a des secteurs où les gens ne reçoivent pas toujours les soins dont ils ont besoin. Je veux juste être en mesure de redonner et d’aider les autres de la même façon dont j’ai obtenu de l’aide. »
Madol dit qu’elle a sincèrement apprécié toute aide qu’elle a obtenue. Étant l’une de huit lauréats de la bourse Athlètes en piste offerte par U SPORTS et BlackNorth Initiative (BNI), elle a reçu une bourse de 5000 $.
En plus du soutien financier, le programme offre l’occasion d’avoir un mentor pour lui apprendre les ficelles du métier et la guider vers ses objectifs.
« C’est bien d’avoir des occasions comme ça pour que je puisse créer des liens et un réseau, a dit Madol. De tout simplement figurer comment je peux réaliser mes ambitions et objectifs. »
Même si son horaire est toujours chargé à titre d’athlète de haut niveau dans un programme d’études exigeant, Madol trouve du temps pour aider sa communauté à travers des initiatives scolaires et en mentorant des plus jeunes coéquipières et collègues de classe.
« Ça vient avec beaucoup de planification et je dois juste m’assurer que je suis très organisée, a ajouté Madol. Ce sont les gens qui nous soutiennent et nous aident, nous donnant de l’énergie à nos matchs. Tout ce que je peux faire, je le fais et j’aime être la première à me présenter là et aider. »
Barandica-Hamilton était aux premières loges pour voir le dévouement et les efforts déployés par Madol, ayant appris à bien la connaître pendant son passage avec l’équipe. Selon lui, elle a prouvé qu’elle était une personne qui prêche par l’exemple et qui fait tout avec un objectif et une intention.
« On veut que nos athlètes soient la meilleure version d’eux-mêmes sur le terrain, mais aussi en classe et dans la communauté, a précisé Barandica-Hamilton. Madol est un bel exemple pour montrer aux athlètes prometteurs qu’ils peuvent exceller dans les trois secteurs. »
Pour les plus jeunes générations d’athlètes noirs qui peuvent affronter des obstacles semblables tout en poursuivant leurs rêves sportifs et académiques, Madol a quelques conseils.
« Croyez en vous et sachez que vous pouvez tout accomplir, a dit Madol.
« Les rêves font parfois peur. Si vous faites quelque chose que vous aimez, que vous voulez faire, vous devez vous y engager et croire que vous pouvez y arriver. »