LES ENTREVUES DE LA 50E COUPE VANIER: Arnaud Gascon-Nadon, Rouge et Or de l’Université Laval (2012)

LES ENTREVUES DE LA 50E COUPE VANIER: Arnaud Gascon-Nadon, Rouge et Or de l’Université Laval (2012)

LES ENTREVUES DE LA 50E COUPE VANIER: 2012

Une conversation avec...

Arnaud Gascon-Nadon, ailier défensif, Rouge et Or de l’Université Laval

Lors de la 48e Coupe Vanier, le Rouge et Or de l’Université Laval est devenu le programme le plus titré dans l’histoire du football de SIC en décrochant une septième bannière nationale grâce à un gain de 37-14 sur les Marauders de McMaster devant une foule record de 37 098 spectateurs au Centre Rogers à Toronto. Laval vengeait du même coup un revers crève-cœur de 41-38 en prolongation aux mains de McMaster lors de la finale de 2011 à Vancouver. À sa dernière partie en carrière dans les rangs universitaires, l’ailier défensif Arnaud Gascon-Nadon avait mérité le prix Bruce Coulter à titre de meilleur joueur défensif du match après avoir passé la soirée dans le champ arrière des Marauders.

Comment avez-vous abordé ce match, après la défaite crève-cœur subie un an plus tôt contre ces mêmes Marauders?

Pour nous, et pour moi, c’était clair que c’était un match revanche. Le message de nos entraîneurs allait dans le sens inverse : ne pas mettre l’emphase sur l’aspect du match revanche. La raison est simple : pouvoir jouer de façon calme et contrôlée, ne pas perdre son sang-froid à cause d’un match perdu 365 jours plus tôt. Mais dans le vestiaire avant le match, c’était clair pour nous, c’était un match revanche, il fallait être l’équipe championne et ne pas permettre à nos adversaires de dire qu’ils ont été meilleurs que nous deux ans de suite. C’était une question de fierté.

Quel est votre principal souvenir de la semaine de la Coupe Vanier et de l’expérience en général?

C’était vraiment notre préparation. La meilleure préparation à laquelle j’ai pris part dans toute ma vie, pour un aussi gros match. Les entraîneurs du Rouge et Or nous préparent tellement bien à chaque fois et pour moi, en défensive, le coordonnateur Marc Fortier est tout à fait extraordinaire dans les gros matchs.

Je me rappelle de la préparation contre Sherbrooke lors de la Coupe Dunsmore en 2010, de la Coupe Vanier contre Calgary en 2010, de Montréal à la Coupe Dunsmore en 2011 et ensuite, que dire de cette Coupe Vanier en 2012. On les connaissait par cœur, tout ce qu’ils ont fait on l’avait vu, on savait tout, c’était extraordinaire. Toute la semaine, on se sentait comme des pirates, on partait à l’assaut du plus gros bateau sur l’eau et personne ne savait notre plan, mais il était infaillible. Une confiance inébranlable.

La soirée du banquet des étoiles canadiennes n’était qu’une formalité pour nous. Les autres équipes se souciaient des trophées individuels alors que nous, on avait juste hâte de rentrer et nous n’avions qu’un objectif en tête, c’était le trophée ultime.

(Note: Gascon-Nadon avait été élu sur la deuxième équipe d’étoiles de SIC en 2012 après avoir été nommé meilleur joueur de ligne au pays tant en 2010 qu’en 2011, faisant de lui le seul double récipiendaire du trophée J.P. Metras dans l’histoire de SIC)

Quel est votre principal souvenir du match comme tel?

Le match en tant que tel est un souvenir flou, quelques images ici et là, mais rien de précis ou de concret. Ce que je me rappelle le plus, c’est le sentiment du devoir accompli à la fin du match. D’être avec mes amis et mes entraîneurs sur le terrain, et nos familles dans les estrades. Ensuite, dans le vestiaire, là où nous seuls savons vraiment tous les efforts que cette conquête de la Coupe Vanier nous a demandés.

Quel fut le jeu clé du match selon vous?

L’interception de Thomas Girard au premier quart aura été pour moi le moment clé du match. Nous avions comme plan en défensive d’aller frapper Kyle Quinlan. Sur ce jeu, trois joueurs sont venus le frapper solidement et l’ont renversé au sol. Il a tout de même lancé un beau ballon, mais Thomas a fait tout un jeu et a totalement retiré le ballon des mains du receveur. Nous venions de passer notre message.

Ensuite, il y a eu la passe à Mathew Norzil, qui a effectué un superbe attrapé et a profité de beaux blocs pour filer vers la zone des buts. On savait tous qu’on venait de décoller et rien n’allait nous  arrêter ce jour-là.

(Note: Joueur par excellence de la Coupe Vanier en 2011, Quinlan avait reçu le trophée Hec Crighton la veille de la finale de 2012 et était aux commandes d’une équipe qui avait remporté 21 victoires consécutives avant d’affronter le Rouge et Or, un record de SIC. Le touché de 28 verges de Norzil sur une passe de Tristan Grenon avait procuré une avance de 7-0 à Laval tôt au deuxième quart. Tirant de l’arrière par 14-12 à la mi-temps, le Rouge et Or avait marqué 25 points sans riposte en deuxième demie)

Personnellement, quelle a été votre plus importante contribution dans le match, votre plus gros jeu?

J’ai essayé d’être intense tout au long du match. Je jouais avec un labrum déchiré dans l’épaule, mais je voulais montrer aux plus jeunes que l’équipe est plus importante que tout. Certains se seraient fait opéré immédiatement en pensant à une future carrière, mais la Coupe Vanier était plus importante que tout pour moi. C’est une chose que je voulais laisser aux plus jeunes, une chose que les plus vieux avant moi m’avaient aussi laissé.

(Note: Gascon-Nadon avait participé à une première conquête de la Coupe Vanier en 2010, après avoir entamé sa carrière universitaire à Rice dans la NCAA)

Est-il survenu quelque chose d’inhabituel ou hors de l’ordinaire pendant le match ou pendant la semaine?

Pendant la semaine, je me rappelle que nous avons dû sortir à deux reprises de l’hôtel en plein milieu de la nuit en raison d’alarmes de feu. Naturellement, nous n’étions pas dupes, quel hasard! Encore une fois, personne n’en a fait un plat, ça n’a dérangé personne, car nous savons tous que nos adversaires l’ont subi quelques fois lorsqu’ils sont venus à Québec!

Pour moi, ce qui a été le plus bizarre pendant le match, c’était l’attitude de notre coordonnateur à la défense, Marc Fortier. Je ne l’avais jamais vu comme ça auparavant. Tellement en contrôle qu’il était plus détendu que n’importe qui. Je l’ai vu assis sur le banc pendant le match à jaser avec les joueurs défensifs non pas comme un entraîneur, mais comme un ami, un coéquipier. Il était tout sourire et on savait qu’on allait gagner, notre plan fonctionnait à merveille. C’était de toute beauté, je vais m’en rappeler toute ma vie.

Les entraîneurs ont-ils changé quoi que ce soit dans la routine habituelle dans la préparation pour le match?

Non, les entraîneurs n’ont rien changé à notre préparation de match, à part le fait que nous avions plus de temps que les semaines habituelles. Nous étions à l’hôtel toute la semaine, donc pas de cours. Le focus était juste sur la préparation du match.

Comment avez-vous réagi  - vous personnellement et l’équipe - au stade et à la foule très hostile au Rouge et Or?

C’était génial! L’histoire était trop belle pour McMaster. Devenir la meilleure équipe de la décennie, battre la machine du Rouge et Or pour la deuxième fois, et en plus, en sol ontarien. Tout avait été planifié pour un triomphe de leur part... à part nous!

Quels sont vos souvenirs des célébrations d’après-match sur le terrain et/ou dans le vestiaire?

Sur le terrain, c’était le temps de se féliciter et de vraiment réaliser ce que nous venions de faire tout le monde ensemble. De très beaux moments. Ensuite, dans le vestiaire, et bien là c’est la famille ensemble, les joueurs, les entraîneurs, les membres de la famille Rouge et Or, et on profite ensemble de la saison qu’on venait de vivre... On ne se tanne jamais de ça!

Quels sont vos souvenirs du voyage de retour à Québec?

Je n’ai presque pas de souvenir du voyage du retour à Québec. Ha! Ha! Sinon, peut-être notre entraîneur-chef Glen Constantin au téléphone en train de recruter!

Quelle fut la réaction sur le campus à votre retour?

Les médias nous attendaient avec certains membres de la famille des joueurs. Nous étions tous très content d’enfin arriver à Québec, notre chez nous. Nous avions hâte de partager ce titre avec les partisans de Québec. Nous étions tous très fiers et ils étaient fiers de nous!

À l’époque, comment cette victoire à la Coupe Vanier a-t-elle changé votre quotidien?

Cette conquête a changé mon quotidien pour environ sept à 10 jours, mais ensuite ce sont les examens finaux qui arrivent à grand pas et la vie d’étudiant qui doit reprendre son cours. Les souvenirs sont frais, nous sommes champions pour la vie, mais celle-ci continue et c’était déjà au tour de l’édition 2013 de se préparer.

À quelle fréquence vous remémorez-vous cette victoire à la Coupe Vanier?

Sans en parler souvent, j’y pense souvent. Ça m’arrive même de regarder le film de la saison 2012 pour rafraîchir ma mémoire, mais aussi pour voir certains jeux que j’ai fait ou que mes coéquipiers ont fait, et tenter de m’en inspirer. Et quand je suis avec mon ami si cher et ancien colocataire pendant toutes mes années à l’Université Laval, Jean-Alexandre Bernier, l’année 2012 finit toujours par ressortir à quelque part dans la conversation.

Vous aviez été repêché par les Tiger-Cats de Hamilton au printemps, mais aviez fait le choix de revenir jouer une dernière saison à Laval. Reprendriez-vous la même décision aujourd’hui?

Si je reprendrais la même décision? Avez-vous aussi une machine à remonter dans le temps pour qu’on retourne en 2010 et que je recommence mes années à Laval?

(Note: Repêché en troisième ronde par Hamilton en 2012, 17e au total, Gascon-Nadon en est à une deuxième saison avec les Tiger-Cats en 2014)