LES ENTREVUES DE LA 50E COUPE VANIER: Mathieu Bertrand, Université Laval (2003)

LES ENTREVUES DE LA 50E COUPE VANIER: Mathieu Bertrand, Université Laval (2003)

LES ENTREVUES DE LA 50E COUPE VANIER: 2003

Une conversation avec...

Mathieu Bertrand, quart-arrière, Rouge et Or de l’Université Laval

Lors de la 39e Coupe Vanier, le Rouge et Or de l’Université Laval a remporté le deuxième titre canadien de son histoire grâce à un gain de 14-7 sur les Huskies de Saint Mary’s, la même équipe qu’il avait vaincue par 14-10 quatre ans plus tôt pour mettre la main sur sa première bannière. Il s’agissait de la fin d’une tradition de 39 ans à Toronto et d’une séquence de 15 ans au SkyDome pour la Coupe Vanier puisque l’événement allait déménager à Hamilton l’automne suivant. À sa dernière sortie dans l’uniforme du Rouge et Or, le quart-arrière étoile Mathieu Bertrand avait mené la troupe lavalloise à la victoire au terme d’une rude bataille en 2003, tout comme il l’avait fait en 1999.

Quel est votre principal souvenir de la semaine de la Coupe Vanier et de l’expérience en général en 2003?

C’est un moment que j’ai apprécié particulièrement parce que je savais que c’était mon dernier match universitaire. De la préparation aux entraînements, jusqu’au match évidemment, j’ai pu apprécier chaque minute.

Vous aviez une attaque dévastatrice en 2003, la plus productive de l’histoire du football universitaire canadien. Qu’est-ce qui faisait que ça fonctionnait si bien?

On avait beaucoup de vétérans qui savaient quoi faire avec le ballon. On était confiants parce qu’on avait de bons athlètes. On avait une belle vitesse d’exécution sur le terrain.

(Note: Le Rouge et Or avait marqué pas moins de 481 points lors du calendrier régulier de huit matchs en 2003, soit une incroyable moyenne de 60,1 points par partie, ce qui lui avait permis de battre par un point le record canadien établi par Saint Mary’s deux ans plus tôt. Au plan individuel, Bertrand avait été choisi joueur par excellence de la conférence québécoise pour une deuxième saison consécutive)

Quel est votre principal souvenir du match comme tel?

Je me souviens particulièrement de la petite passe à Jean-Frédéric Tremblay, qui avait ensuite couru jusque dans la zone des buts pour le touché. Jean-Frédéric s’est fait plaquer et a presque mis le pied à l’extérieur, mais il a réussi à reprendre son équilibre pour inscrire le majeur. Ce jeu nous donnait une priorité de 12-2 tard au troisième quart et nous permettait de nous rapprocher de notre objectif.

Je me souviens aussi de Francis Boivin, un de nos secondeurs, qui avait provoqué un échappé tout juste après que Saint Mary’s eut récupéré le ballon à la suite d’un revirement de notre part. Ça avait été un gros moment dans le match.

(Note: Bertrand et Tremblay, un ailier espacé qui allait être sélectionné en première ronde par les Argonauts de Toronto lors du repêchage de la LCF le printemps suivant, avait combiné leurs efforts pour un touché de 25 verges – le seul du match – avec 2:17 à écouler au troisième quart. Laval avait ajouté deux points quelques instants plus tard sur un touché de sûreté pour amorcer le quatrième engagement avec une avance de 14-2. Boivin avait provoqué un échappé quelques minutes avant le touché de Tremblay, alors que Laval s’accrochait à une mince avance de 5-2)

Quel fut le jeu clé du match selon vous?

Le touché de Jean-Frédéric qui nous permettait de respirer!

Est-il survenu quelque chose d’inhabituel ou hors de l’ordinaire pendant le match ou pendant la semaine?

Nous voulions prendre notre revanche du match contre Saint Mary’s en 2001, où nous avions perdu 48-8 à Halifax en demi-finale canadienne. Il y avait une bonne rivalité entre les deux équipes. On se respectait, mais on avait aussi joué à Saint Mary’s pendant la saison régulière en 2003 et on sentait qu’il y avait des frictions entre les deux clubs parce qu’on les avait battus assez facilement (49 à 8).

Avez-vous changé quoi que ce soit dans la routine habituelle dans la préparation pour le match?

La seule chose, c’est le voyagement et le fait d’être à l’extérieur. Ça nous changeait de nos habitudes de réunions ou de pratique, mais ce n’était pas notre première expérience donc on savait comment se comporter. C’est une semaine où il peut y avoir beaucoup de distractions mais l’expérience passée nous a aidés.

Comment avez-vous réagi - vous personnellement et l’équipe - au stade et à la foule de Toronto?

C’était incroyable. Comme en 1999, la foule de Québec nous avait suivis et elle croyait en nous. Les fans avaient fait la route pendant la nuit donc c’était vraiment bien de voir le support des partisans. Saint Mary’s avait aussi beaucoup de supporteurs, alors ça faisait du bruit pour les deux côtés, mais les partisans de Québec sont toujours plus bruyants!

Quels sont vos souvenirs des célébrations d’après-match sur le terrain et/ou dans le vestiaire?

Ce fut une grosse différence par rapport à 1999. Cette année-là, j’avais été englouti par les médias et je n’avais pas eu le temps de célébrer. Je me souviens très bien en 2003 d’avoir dit aux journalistes que j’allais célébrer avec mes coéquipiers et mes proches et qu’ensuite, j’allais répondre à leurs questions. J’ai mieux géré ça la seconde fois, parce que je savais que c’était les derniers moments et je voulais les savourer jusqu’à la fin. Les médias ont été compréhensifs dans tout ça.

À l’époque, comment cette victoire à la Coupe Vanier a-t-elle changé votre quotidien?

De terminer ma carrière universitaire et de remporter la Coupe Vanier ont fait en sorte que je n’ai eu aucun regret. J’ai joué mes cinq années et j’ai fini sur une bonne note. Ça a laissé un souvenir positif de ma carrière universitaire dans l’esprit des gens.

À quelle fréquence repensez-vous et discutez-vous de cette victoire à la Coupe Vanier?

Quand il y a des soupers d’anciens, on se rappelle toujours les bons moments. Mais honnêtement, je suis passé à autre chose. En étant devenu entraîneur, on essaie maintenant d’en gagner une autre. On n’est jamais satisfaits!

Vous avez remporté la première et la deuxième Coupe Vanier de l’histoire de l’équipe. En quoi cette deuxième était-elle différente de la première?

C’était avec un groupe différent. Celle de 1999, c’était avec la première génération de vétérans, et j’étais plus jeune. En 2003, j’étais le vétéran avec une deuxième génération de joueurs plus jeunes. On a semé une graine avant de partir pour que les jeunes puissent poursuivre. Ils ont bien appris, puisqu’ils ont aussi gagné en 2004!

Dans quel programme avez-vous étudié et dans quel domaine avez-vous travaillé suite à votre graduation?

J’ai étudié en intervention sportive et j’ai par la suite joué pendant neuf saisons dans la Ligue canadienne de football, avec les Eskimos d’Edmonton, de 2004 à 2012. Je suis maintenant de retour avec le Rouge et Or comme entraîneur adjoint des unités spéciales et des porteurs de ballon.