LES ENTREVUES DE LA 50E COUPE VANIER: Don Blair, Calgary (1995)

LES ENTREVUES DE LA 50E COUPE VANIER: Don Blair, Calgary (1995)

LES ENTREVUES DE LA 50E COUPE VANIER: 1995

Une conversation avec...

Don Blair, receveur, Dinosaurs de l’Université de Calgary

Lors de la 31e Coupe Vanier, disputée devant 29 178 amateurs au SkyDome de Toronto, les Dinosaurs de Calgary ont remporté un quatrième titre canadien grâce à une victoire de 54-24 sur les champions défendant, les Mustangs de Western Ontario, établissant au passage un record pour le plus de points marqués en finale de l’USIC. Deux figures légendaires faisaient leurs adieux aux Dinosaurs cette journée-là: l’entraîneur-chef Peter Connellan, membre du temple de la renommée, de même que le receveur étoile Don Blair. Grâce à son titre de joueur par excellence du match, Blair est devenu le seul joueur dans l’histoire à remporter le trophée Hec Crighton, la Coupe Vanier et le trophée commémoratif Ted Morris au cours de la même saison.

Quels sont vos souvenirs des semaines ou des mois qui ont mené à la Coupe Vanier en 1995?

C’était vraiment une question de progression. L’équipe s’améliorait constamment. En 1993, nous avions perdu en fin de match lors de la Coupe Vanier face à Toronto; c’était un peu comme si nous étions satisfaits d’avoir atteint la finale. Puis, la saison 1994 avait été une grosse déception pour nous. Cette année-là, nous avions une bonne équipe mais n’étions pas le groupe le plus homogène qui soit. 

En 1995, nous savions que le vainqueur de la finale de Canada-Ouest contre la Saskatchewan se rendrait probablement à la Coupe Vanier. C’est l’un des meilleurs matchs auxquels j’ai eu la chance de participer, non pas en raison de ma performance personnelle, mais simplement parce que ce fut un match mémorable. Un attrapé incroyable de Brett Campbell sur la ligne de côté a mis la table pour un placement qui créait l’égalité. Je me souviens de ce match comme si c’était hier. Notre conférence était vraiment compétitive cette année-là. Nous avions disputé plusieurs parties très serrées et avions conservé une fiche de 6-2.   

(Note: Calgary a perdu 37-34 contre Toronto à la Coupe Vanier en 1993 et 34-17 contre la Saskatchewan à la Coupe Hardy en 1994. En 1995, les Dinosaurs et les Huskies ont présenté des dossiers identiques de 6-2 lors du calendrier, la première place au classement revenant à Calgary en vertu de victoires lors des deux affrontements entre les deux équipes. Les rivaux se sont affrontés pour la troisième fois de la saison en finale de Canada-Ouest, les Dinosaurs s’imposant alors par 32-30 en surtemps pour passer à la demi-finale canadienne de la Coupe Churchill, là où ils ont facilement défait Ottawa par 37-7)   

Comment s’est déroulée la semaine de la Coupe Vanier?

Je me souviens à quel point toute l’équipe avait été professionnelle et à quel point nous étions totalement concentrés sur la tâche à accomplir. Nous étions très confiants même si nous étions les négligés avant le match. En fait, ça nous avait été profitable. Ils (Western Ontario) n’avaient aucune idée de ce qui les attendait. Nous attendions ce moment depuis 1993.

Parlez-nous de la dynamique de l’équipe en 1995.

Nous nous considérions tous comme égaux. Nous comptions sur des leaders qui s’assuraient que chacun était responsable. Ce n’était pas seulement un ou deux joueurs, c’était plus un leadership qui venait de l’ensemble du groupe.

Après avoir reçu le trophée Hec Crighton, ressentiez-vous une pression supplémentaire de devenir champion de la Coupe Vanier?

Nous étions motivés par la possibilité de voir les équipes adverses tenter de me sortir de l’équation. Nous avions plusieurs options à notre disposition, je n’avais pas l’impression de devoir gagner des matchs par moi-même, alors je n’ai jamais ressenti de pression. Nous comptions sur de nombreux joueurs explosifs comme les porteurs de ballon Chris Lewis et Gene Stahl, les receveurs Brett Campbell, Kevin Klein, Ryan Carruthers et Tarek Jayoussi, en plus d’une ligne offensive fabuleuse.

C’était excitant de recevoir toute cette attention, mais c’était un genre d’attention différent de celle qu’on reçoit chez les pros. À l’université, nous étions jeunes; toute l’attention qu’on recevait était positive et ça nous motivait.

(Note: Blair a connu l’une des meilleures performances dans l’histoire de la Coupe Vanier en 1995 avec quatre touchés, dont trois sur des réceptions de 13, 34 et 13 verges, puis un quatrième suite à un dégagement bloqué qu’il a recouvert dans la zone des buts. Ses quatre majeurs, ses 24 points et ses trois touchés sur des attrapés (à égalité) représentent tous des records de la Coupe Vanier. Si Blair méritait pleinement le trophée Ted Morris, Jayoussi et Lewis avaient eux aussi complété la rencontre avec de ronflantes statistiques: le premier avait capté huit passes pour des gains de 188 verges et un touché, alors que le deuxième amassait 104 verges et deux majeurs par la course)       

Quel fut le jeu du match selon vous?

Le dégagement bloqué leur a fait mal, mais notre défensive a aussi réalisé de gros jeux, principalement contre leur attaque au sol. Notre défensive a donné le ton au match. Notre alignement regorgeait de joueurs défensifs de talent – je pense par exemple à des gars comme le joueur de ligne Rob Richards et le demi défensif Danny Geremia.

(Note: Avec cinq minutes à écouler en première demie, Blair a recouvert un dégagement bloqué dans la zone des buts pour inscrire son deuxième touché du match et accroître l’avance des Dinosaurs à 26-7)

Lorsque votre quart-arrière partant Jason Assen s’est blessé tôt dans le match, quel était le niveau de confiance au sein de l’équipe envers son remplaçant, Sasha Blaskovich?

Ça ne nous a pas ralentis du tout. Ils étaient tous les deux très bien préparés et connaissaient les attentes de l’équipe.

(Note: Blaskovich, un vétéran de quatrième année originaire de Calgary, avait été sensationnel en relève, complétant 15 de ses 22 passes pour des gains de 294 verges, trois touchés et aucune interception. Meneur au pays en saison régulière avec 21 passes de touché, Assen avait rejoint Blair tard au premier quart pour son premier majeur de la rencontre avant de devoir quitter en raison d’une blessure)

Comment vous sentiez-vous après être devenu le premier joueur à mériter les trophées Hec Crighton et Ted Morris lors de la même année?

On dirait que tout avait fait boule de neige cette saison-là. Les choses ne cessaient d’aller en s’améliorant. Je suis devenu le premier joueur d’une université canadien n’évoluant pas sur la ligne à être invité à la Classique Est-Ouest Shrine aux États-Unis, puis j’ai été invité au Hula Bowl. C’était bien d’être en quelque sorte un pionnier pour les joueurs de SIC. Ce fut une tempête parfaite pour moi en 1995.

À quelle fréquence vous remémorez-vous cette saison magique de 1995?

Ces temps-ci, pas très souvent puisque mes enfants ont huit et six ans. Il y a quelques années, TSN a fait une compilation des 10 meilleurs moments de la Coupe Vanier et mon match de quatre touchés était inclus. Ça m’a rappelé beaucoup de bons souvenirs. Mon téléphone a failli exploser cette journée-là. Nous avions vécu une expérience tellement extraordinaire. Rien ne se compare à cette année-là, incluant remporter la Coupe Grey avec la Colombie-Britannique. Le sport professionnel est différent des rangs universitaires. Il n’y a pas d’échanges, il n’y a pas d’agents libres; vous devez tirer le meilleur des effectifs en place. C’était d’abord et avant tout des gars avec qui on allait à l’université.

Revoyez-vous fréquemment vos coéquipiers de 1995?

Nous ne nous voyons pas si souvent, mais lorsque nous nous retrouvons, c’est génial. C’est comme si c’était hier.

Quelle est votre occupation aujourd’hui?

Je suis employé de Boston Scientific, j’effectue la vérification de dispositifs chirurgicaux, un poste que j’occupe depuis huit ans. Mon titre officiel est gestionnaire de territoire senior pour l’ouest du Canada, alors je suis souvent sur la route.

Comment le football vous a-t-il aidé une fois votre carrière de joueur terminée?

Ça m’a appris à être un gagnant. C’est l’un des traits de caractère que les employeurs recherchent. Il existe une culture de gagnant. Sous Blake Nill, les Dinos sont un programme gagnant. Gagner devient la norme et le football est le sport d’équipe ultime, la dynamique d’équipe fait foi de tout. Au football, vous devez tous tirer dans la même direction, comme dans le monde des affaires.

À PROPOS DE DON BLAIR:

Le dernier match universitaire de Blair était la Coupe Vanier en 1995. Quelques mois plus tard, il est devenu le premier joueur d’une université canadienne n’évoluant pas sur la ligne à être invité à la prestigieuse Classique Est-Ouest Shrine aux États-Unis. La participation de Blair combinée à celle d’Eddie George d’Ohio State marquait la première fois que les gagnants des trophées Hec Crighton et Heisman prenaient part au match la même année. La performance de Blair à la Classique Shrine a mené à une invitation au Hula Bowl à Hawaii.

Après avoir mérité, au début du printemps, le prix Howard, Mackie (aujourd’hui prix BLG) en tant qu’athlète masculin par excellence de l’USIC pour l’année 1995-1996, Blair fut la toute première sélection du repêchage de la LCF, par les Eskimos d’Edmonton. Le natif d’Ottawa a ensuite participé au camp des Bears de Chicago de la Ligue nationale de football, avant d’entamer une carrière de huit saisons dans la LCF avec Edmonton (1996-1998), la Colombie-Britannique (1999-2001) et Calgary (2002-2003), incluant une conquête de la Coupe Grey avec les Lions en 2000.

Blair habite présentement à Calgary avec sa femme Linda, une ancienne membre de l’équipe nationale de patin de vitesse, et leurs deux enfants.