LES ENTREVUES DE LA 50E COUPE VANIER: Larry Haylor, Western Ontario (1994)

LES ENTREVUES DE LA 50E COUPE VANIER: Larry Haylor, Western Ontario (1994)

LES ENTREVUES DE LA 50E COUPE VANIER: 1994

Une conversation avec...

Larry Haylor, entraîneur-chef, Mustangs de l’Université Western Ontario

Lors de la 30e Coupe Vanier, devant 28 652 spectateurs au SkyDome de Toronto, les Mustangs de Western Ontario ont remporté un sixième titre canadien grâce à un gain spectaculaire de 50-40 en prolongation sur les Huskies de la Saskatchewan. Il s’agissait de la première finale de l’USIC à nécessiter du temps supplémentaire et les 90 points marqués demeurent un record de la classique. Il s’agissait également d’un deuxième triomphe comme entraîneur-chef et d’un quatrième au total pour Larry Haylor, qui a été intronisé plus tôt cette année au Temple de la renommée du football canadien en tant que bâtisseur et qui était le pilote ayant remporté le plus de victoires dans l’histoire du football de SIC lorsqu’il a quitté son poste au terme de la saison 2006.       

Quel est votre principal souvenir de la semaine de la Coupe Vanier et de votre expérience en général en 1994?

Au fil des ans, j’ai toujours trouvé la semaine de la Coupe Vanier très chargée en raison des célébrations et des nombreux événements qui se déroulent tout au long de la semaine. Mes souvenirs de ces semaines sont principalement des souvenirs de nos adversaires pour qui nous devions nous préparer. En 1994, je me souviens que l’équipe était très concentrée et que nous avions connu une semaine de préparation excitante et positive.

Quel est votre principal souvenir du match comme tel?

Il y a deux jeux que je n’oublierai jamais, peut-être trois.

Premièrement, le placement de 42 verges de Frank Jagas avec quatre secondes à écouler pour égaler la marque. Ensuite, en prolongation, le spectaculaire retour de dégagement pour un touché d’Anthony Lane. Et peut-être un troisième, ma décision de concéder un touché de sûreté alors qu’il restait moins de deux minutes à faire en temps réglementaire; ce jeu nous permettait de conserver une avance de quatre points et obligeait la Saskatchewan à traverser le terrain pour marquer un touché. Dans ma tête, c’était logique, nous allions nous retrouver en bien meilleure posture après le touché de sûreté que si nous avions dégagé du fond de notre zone. J’avais sous-estimé les Huskies. Ils ont marqué avec une minute à écouler pour prendre une avance de trois points. Heureusement pour nous, et peut-être surtout pour moi, le placement de Jagas et le retour pour un touché en surtemps ont suivi. Ces deux jeux m’ont évité d’être le bouc émissaire.    

(Note: Tirant de l’arrière par 34-14 au milieu du quatrième quart, la Saskatchewan a explosé avec 23 points sans riposte en l’espace de 5 :17 pour s’emparer d’une avance de 37-34. Après que Western eut concédé le touché de sûreté avec 1 :34 à faire en temps réglementaire, les Huskies n’ont eu besoin que de 30 secondes pour couvrir 74 verges grâce à trois passes complétées par le joueur par excellence du match, Brent Schneider, incluant une passe de 34 verges vers David Blackburn dans la zone des buts alors qu’il restait 64 secondes au cadran. Les Mustangs ont répondu avec une poussée rapide de 45 verges en sept jeux, ce qui mettait la table pour le placement de Jagas qui égalait les chances à 37-37. Jagas allait ajouter deux réussites en prolongation pour égaler le record de la Coupe Vanier avec cinq placements)        

Quel est votre moment préféré quand vous repensez au match?

L’épuisement total de nos joueurs à la fin de la prolongation et leur excitation suite au touché de Lane sur son long retour. Un pur bonheur!

(Note: Lane, un demi défensif originaire de Hamilton, a terminé la rencontre avec 131 verges de gains en sept retours de dégagement. Il a gardé le meilleur pour la fin avec son retour de 77 verges qui procurait à Western un coussin de 10 points avec 3 :25 à écouler à la deuxième période de surtemps)

Est-il survenu quelque chose d’inhabituel ou hors de l’ordinaire pendant le match ou pendant la semaine?

La prolongation était une situation unique. À l’époque, il n’y avait pas de fusillade et nous devions disputer deux demies de 10 minutes chacune.

(Note: Les équipes ont chacune réussi un placement lors de la première période supplémentaire, puis Western a inscrit les seuls points des 10 dernières minutes grâce à un placement de 33 verges de Jagas et au spectaculaire retour de Lane)

Les entraîneurs ont-ils changé quoi que ce soit dans la routine habituelle en préparation pour le match?

Nous avons fait de notre mieux pour suivre notre routine habituelle. Toutefois, grâce à Paul Beeston – diplômé et grand supporteur de Western – nous avons eu la chance d’utiliser le vestiaire des Blue Jays pendant toute la semaine, ce qui était très spécial, tout comme rencontrer Paul Molitor dans ce même vestiaire. Puis, le jour du match, je suis allé rencontrer les « Mustangs Moms » à leur regroupement d’avant-match. Il y avait plus de 300 parents et membres des familles et c’est devenu très émotif; j’ai dû quitter afin de ne pas me laisser trop emporter par leur enthousiasme.

(Note: Beeston était président et chef de la direction des Blue Jays de 1989 à 1997. Il occupe à nouveau ces deux positions depuis 2008)

Comment avez-vous réagi  - personnellement ou en tant que groupe - au stade et à la foule?

Pour nous, c’était un peu comme une foule locale. Il y a eu tellement de gros jeux et de rebondissements, ce fut certainement très divertissant pour eux. Le bruit et l’enthousiasme de la foule au quatrième quart et en prolongation étaient incroyables. Ça a soulevé notre équipe.

(Note: Haylor a remporté sa première Coupe Vanier comme entraîneur-chef lors de la première présentation de l’événement au SkyDome, en 1989, devant une foule de 32 847 amateurs, un record qui a tenu jusqu’en 2012. Les 28 652 spectateurs en 1994 viennent au cinquième rang dans l’histoire de la Coupe Vanier)

Quels sont vos souvenirs des célébrations d’après-match sur le terrain et/ou dans le vestiaire?

La foule a sauté sur le terrain et a entouré notre équipe. C’était très excitant. L’énergie était à son comble lors des célébrations d’après-match. Le vestiaire était rempli de parents et d’anciens. Nous avons ensuite pris quelques moments très spéciaux afin de savourer notre accomplissement entre joueurs et entraîneurs.  

Quels sont vos souvenirs du voyage de retour?

Notre voyage de retour vers London était assez court, mais je me souviens que l’équipe avait apporté la Coupe Vanier au centre du terrain au Stade J.W. Little, l’avait entourée, et avait entonné la chanson traditionnelle des Mustangs. Nous ressentions tous beaucoup de fierté à ce moment.

Quelle fut la réaction sur le campus à votre retour?

Nous étions revenus assez tôt le dimanche et les médias et la télé nous attendaient. Deux joueurs plus tard, il y avait eu un grand rassemblement sur le campus et l’ambiance était électrique.

À l’époque, comment ces victoires à la Coupe Vanier ont-elles changé votre quotidien?

Je crois que gagner la Coupe Vanier sert à vous motiver à en remporter une autre. Au quotidien, par contre, j’ai essayé de ne pas trop laisser ces victoires m’affecter.

À quelle fréquence vous remémorez-vous cette victoire à la Coupe Vanier en 1994?

À chaque fois que nous nous retrouvons avec l’équipe. Notre équipe de 1994 vient d’être intronisée au Mur des champions de Western et 60 joueurs sont venus d’aussi loin que Genève et Hong Kong pour l’occasion. Les souvenirs ne nous quitteront jamais.

Vous avez participé à la Coupe Vanier comme entraîneur-chef et comme adjoint. À quel point est-ce différent dans un rôle d’adjoint?

Comme adjoint, j’étais totalement concentré sur mes responsabilités d’entraîneur, et dans mon cas c’était l’attaque. C’était l’objet de toute mon attention. Comme entraîneur-chef, je devais m’occuper de beaucoup d’autres choses : l’ensemble des opérations, les joueurs, les entraîneurs, les stratégies et le plan de match. C’est une responsabilité beaucoup plus large.

Laquelle de vos quatre conquêtes de la Coupe Vanier est la plus spéciale à vos yeux, et pourquoi?

C’est une question difficile, elles sont toutes spéciales. Mais si vous me forcez à choisir, je vais dire ma première, en 1976, car elle m’a fait réaliser que j’étais assez bon entraîneur pour œuvrer à ce niveau. Puis, ma première comme entraîneur-chef, en 1989, car j’avais perdu comme entraîneur-chef en 1985 et 1986. Mais honnêtement, elles sont TOUTES spéciales. 

À PROPOS DE LARRY HAYLOR:

Larry Haylor a été intronisé au Temple du football canadien comme bâtisseur en 2014.

Le natif de Prince Albert, Sask., a goûté au football de SIC pour la première fois comme quart-arrière des Huskies de l’Université de la Saskatchewan en 1966 et 1967. Il a amorcé sa carrière d’entraîneur au niveau universitaire avec les Huskies de 1971 à 1973, est devenu coordonnateur offensif des Tigers de Dalhousie en 1974, puis a accepté la même position avec Western en 1975.

Haylor est devenu entraîneur-chef des Mustangs en 1984, et le reste de sa carrière fait maintenant partie de l’histoire. Lorsque son règne a pris fin le 4 novembre 2006, il détenait le record pour le plus grand nombre de victoires par un entraîneur-chef au football de SIC. Il occupe désormais le deuxième rang derrière Brian Towriss, actuel pilote des Huskies de la Saskatchewan.

Choisi entraîneur de l’année de la conférence de l’Ontario (SUO) à sept reprises et deux fois récipiendaire du trophée Frank Tindall remis à l’entraîneur de l’année de SIC (1990, 1998), Haylor a mené Western à 22 campagnes consécutives avec un dossier de .500 ou plus. Sous sa gouverne, les Mustangs ont participé à la finale canadienne en cinq occasions, remportant la coupe Vanier en 1989 et 1994, et ont disputé 13 finales de SUO, soulevant la coupe Yates à huit reprises.

En 2009, SIC lui a remis le prix Jean-Marie De Koninck Entraîneur Émérite, présenté à un individu dont la contribution au sport universitaire s'est avérée exceptionnelle à travers son dévouement et son leadership à titre d'entraîneur aux niveaux local, provincial, national et/ou international du sport universitaire canadien. La même année, son nom a été ajouté au Mur des champions de l’Université Western.