LES ENTREVUES DE LA 50E COUPE VANIER: Duane Forde, Western (1989)

LES ENTREVUES DE LA 50E COUPE VANIER: Duane Forde, Western (1989)

LES ENTREVUES DE LA 50E COUPE VANIER: 1989

Une conversation avec...

Duane Forde, porteur de ballon, Mustangs de l’Université Western Ontario

En 1989, la Coupe Vanier a célébré ses 25 ans avec panache, déménageant de l’historique Stade Varsity au tout nouveau SkyDome au centre-ville de Toronto. Devant une foule record de 32 847 amateurs – 8000 de plus que la marque précédente – les Mustangs de Western Ontario ont défait les Huskies de la Saskatchewan par 35-10 pour décrocher le cinquième titre canadien de leur histoire. Le co-capitaine Duane Forde, un porteur de ballon membre de l’équipe d’étoiles de l’Ontario, avait amassé 58 verges en 13 courses, un sommet dans le match, pour aider les Mustangs à reprendre leur place au sommet pour la première fois depuis 1977.   

Quel est votre principal souvenir de la semaine de la Coupe Vanier et de votre expérience en général?

La semaine entière fut une expérience bien spéciale. Comme il s’agissait de la première Coupe Vanier présentée au SkyDome, les organisateurs avaient mis le paquet. Il y avait eu plusieurs banquets et cérémonies. On sentait vraiment que nous vivions quelque chose de gros.

Quel est votre principal souvenir du match comme tel?

C’est difficile à dire. Il y a tellement de moments gravés dans ma mémoire, du tirage au sort jusqu’au dernier coup de sifflet. Je dirais probablement le touché de Tyrone Williams, alors que le pauvre demi défensif de la Saskatchewan, Errol Brown, n’aurait pu faire un meilleur travail, il le couvrait parfaitement dans la zone des buts. Tyrone a tout de même capté le ballon et l’a regardé en voulant dire « j’aurais pu faire ça dans mon sommeil ».  

(Note: Williams, un ailier espacé de deuxième saison originaire d’Halifax, avait été choisi joueur du match grâce à ses 157 verges de gains en cinq réceptions, incluant un touché sur une passe de 19 verges qui augmentait l’avance des Mustangs à 28-10 tard au troisième quart. Il a ensuite remporté le Super Bowl avec Dallas en 1994 et la Coupe Grey avec Toronto en 1996, ce qui en fait le seul joueur de l’histoire à gagner la Coupe Vanier, le Super Bowl et la Coupe Grey)

Quel fut le jeu clé du match selon vous?

Notre défensive avait arrêté les Huskies sur un troisième jeu et court, vers la fin de la première demie si je me souviens bien, et ce jeu avait semblé leur couper les jambes et leur faire perdre tout espoir qu’ils pourraient remonter la pente. 

(Note: La défensive des Mustangs avait limité la Saskatchewan à 12 premiers essais et 217 verges d’attaque dans le match, incluant seulement 47 verges au sol)

Personnellement, quel fut votre plus gros jeu ou votre plus importante contribution dans le match?

Mes plus beaux souvenirs sont en fait les deux interceptions de mon frère, Darryl. Pour ma part, j’avais réussi quelques belles courses, mais notre plan de match consistait à distribuer le ballon parmi tous les porteurs, car nous savions qu’ils allaient se concentrer sur moi. Le résultat fut que quatre de nos joueurs ont récolté autour de 50 verges au sol.

(Note: En plus de la récolte de 58 verges en 13 portées de Forde, Rob Stewart avait amassé 54 verges en neuf courses, John Wright 50 verges en neuf portées et la recrue Mike Clawson 48 verges en six courses, dont un touché de cinq verges. Le quart-arrière Chris Gaffney n’avait ajouté que six verges au sol au total de Western, mais avait atteint la zone des buts sur trois courtes courses)

Est-il survenu quelque chose d’inhabituel ou hors de l’ordinaire pendant le match ou pendant la semaine?

Il y avait un orchestre sur le terrain pendant la période d’échauffement. Je crois qu’ils se pratiquaient pour la mi-temps ou qu’ils s’installaient pour un spectacle d’avant-match, quelque chose du genre. Cela nous laissait peu d’espace sur le terrain pour notre échauffement. Pire encore, ils étaient très bruyants, alors c’était difficile d’entendre les jeux qui étaient appelés. Je me souviens d’avoir tourné du mauvais côté lors d’un jeu pendant l’échauffement car je n’entendais pas notre quart-arrière.

Les entraîneurs ont-ils changé quoi que ce soit dans la routine habituelle en préparation pour le match?

Les entraîneurs ont fait de leur mieux dans les circonstances pour conserver la routine habituelle, mais en réalité, tout était différent. Par exemple, nous ne pouvions voyager qu’avec environ 45 joueurs, alors que nous avions l’habitude d’en avoir presque le double sur le terrain lors des pratiques. Les partants à l’attaque ont donc dû servir d’équipe adverse pour notre défensive lors des pratiques, et vice versa. Un des bons coups de nos entraîneurs avait été de faire jouer des faits saillants de notre saison sur l’écran géant du SkyDome à la fin de notre dernière pratique.

Comment avez-vous réagi  - personnellement ou en tant que groupe - au stade et à la foule?

Je crois que plusieurs de nos joueurs étaient impressionnés par le stade lors de notre première pratique parce qu’ils n’y avaient jamais mis les pieds auparavant. De mon côté, je savais à quoi m’attendre car j’avais assisté à quelques matchs de la LCF au SkyDome pendant l’été 1989.

Quand je suis entré sur le terrain pour notre première pratique de la semaine, je me souviens d’avoir pensé à une scène du film « Hoosiers », quand l’équipe de basketball de la petite école secondaire Hickory atteint le championnat de l’état et se prépare à jouer dans un immense aréna de la grande ville. Dans le film, l’entraîneur souligne que toutes les dimensions du court de l’aréna sont identiques aux dimensions du court dans le gymnase de leur école. Alors je me suis dit que le terrain du SkyDome faisait 110 verges par 65 verges... comme le terrain du Stade J.W. Little sur le campus de Western.

Quels sont vos souvenirs des célébrations d’après-match sur le terrain et/ou dans le vestiaire?

Dès la fin du match, je me souviens que mon frère et moi avons étreint simultanément notre entraîneur-chef, Larry Haylor, puis j’ai repéré ma mère dans les estrades et je suis allé la retrouver pour la serrer dans mes bras. Je vais également me souvenir à jamais de la fierté qui se lisait sur le visage de notre co-capitaine, le garde étoile Ron Godley, quand il a soulevé la coupe. Il était blessé et n’avait malheureusement pas pu prendre part au match.

Quels sont vos souvenirs du voyage de retour?

En fait, c’était assez calme car nous sommes seulement repartis le lendemain matin et nous étions tous épuisés en raison des célébrations de la veille. Je me souviens par contre que nous avions un passager sur l’autobus qui n’était pas un membre d l’équipe. Un de mes amis, « Red », avait été abandonné par les gens avec qui il était venu à Toronto... alors il est monté avec nous pour le retour à London.

Quelle fut la réaction sur le campus à votre retour?

La réaction sur le campus a été géniale. On nous a accueillis comme des héros. Et la réaction à notre bar régulier – le Ceeps – a été encore meilleure.

À l’époque, comment cette victoire à la Coupe Vanier a-t-elle changé votre quotidien?

Nous avons eu un horaire plutôt chargé pendant quelques semaines, car nous avons été invités à plusieurs réceptions et événements. Par contre, à Western, l’équipe de football a toujours connu passablement de succès et les joueurs profitent d’une certaine notoriété, alors je ne dirais pas que notre « présence » sur le campus a beaucoup changé.

À quelle fréquence vous remémorez-vous cette victoire à la Coupe Vanier?

Assez régulièrement. Nous avons eu trois réunions de l’équipe de 1989 au cours des cinq dernières années, alors évidemment toutes les vieilles histoires refont surface lors de ces événements. Mais j’y repense régulièrement en dehors de ces réunions. C’était une belle équipe de football et un groupe d’amis très proches.

Vous avez été impliqué dans la Coupe Vanier tant comme joueur que comme analyste à la télévision. Comment vous êtes-vous senti lors de votre première Coupe Vanier en tant qu’analyste?

Ça voulait dire beaucoup pour moi car je suis très fier de mes racines. J’aime vraiment beaucoup le football de SIC et je sais que pour les jeunes hommes qui ont la chance d’y participer, ça représente quatre ou cinq des meilleures années de leur vie. Je me souviens d’avoir eu des frissons pendant l’hymne national comme si c’est moi qui m’apprêtais à sauter sur le terrain.

Dans quel domaine avez-vous étudié à Western et dans quel domaine avez-vous travaillé par la suite?

J’ai étudié en éducation physique et en français et j’ai enseigné les deux disciplines à l’école secondaire. Par contre, comme j’ai joué pendant 12 ans dans la LCF et que je compte aujourd’hui presqu’autant d’années d’expérience à la télévision, je dirais que le fait d’avoir joué au football à Western a mené à la majorité des opportunités professionnelles qui se sont présentées à moi depuis ma graduation.

À PROPOS DE DUANE FORDE:

Choisi deux fois joueur par excellence des Mustangs et retenu en deux occasions parmi les étoiles de la conférence ontarienne, Duane Forde était co-capitaine de Western lors de la conquête de la Coupe Vanier en 1989. Sélectionné en première ronde, sixième au total, lors du repêchage de la LCF en 1991, il a connu une carrière de 12 ans dans les rangs professionnels avec Calgary, Winnipeg, Toronto et Hamilton, atteignant la finale de la Coupe Grey à cinq reprises et l’emportant avec Calgary en 1992 et 1998. 

Après avoir accroché ses crampons, Forde est demeuré dans le domaine du football et a été analyste à The Score et Rogers Sportsnet pendant sept ans, avant d’accepter un poste similaire avec TSN en 2008. Membre du Temple de la renommée des sports de Mississauga, il travaille depuis aux côtés du descripteur Rod Black lors de la télédiffusion de matchs de la LCF.