LES ENTREVUES DE LA 50E COUPE VANIER: Darwin Semotiuk, Western (1976)

LES ENTREVUES DE LA 50E COUPE VANIER: Darwin Semotiuk, Western (1976)

LES ENTREVUES DE LA 50E COUPE VANIER: 1976

Une conversation avec...

Darwin Semotiuk, entraîneur-chef, Mustangs de l’Université Western Ontario

Lors de la douzième Coupe Vanier, les Mustangs de Western Ontario ont dominé les Axemen d’Acadia par 22-0 en deuxième demie en route vers un triomphe de 29-13 devant 20,300 spectateurs au Stade Varsity à Toronto. Il s’agissait de la première de deux victoires consécutives contre Acadia à la Coupe Vanier pour les Mustangs et l’entraîneur-chef Darwin Semotiuk, qui a été impliqué dans chacune des six conquêtes du championnat de football de l’USIC par Western, soit deux comme entraîneur adjoint (1971, 1974), deux comme pilote (1976, 1977) et deux comme directeur des sports (1989, 1994).

Quel est votre principal souvenir de la semaine de la Coupe Vanier et de votre expérience en général en 1976?

Chaque participation à un championnat canadien est mémorable, particulièrement pour une université comme Western puisque le match était disputé à Toronto, alors le trajet était assez court pour les étudiants. En plus, la rencontre de 1976 avait été disputée le soir, ce qui rendait l’ambiance encore plus festive. Les étudiants de Western s’étaient rendus directement du Ceeps – un bar à London – à la rue Bloor à Toronto. Il y avait une très bonne foule si je me souviens bien, plus de 20 000. Il y avait beaucoup fébrilité avant et pendant le match.

Quel est votre principal souvenir du match comme tel?

Le début de la rencontre avait été l’affaire d’Acadia en raison du brio de son duo dynamique, le quart-arrière Bob Cameron et le receveur Bob Stracina. Quelle première demie ils avaient connu!

Sans le vouloir, nos étudiants de Western nous avaient rendu un fier service à la mi-temps. Alors que nous étions au vestiaire, ils ont envahi le terrain, ce qui a retardé le début de la deuxième demie par 10 ou 15 minutes. Cette pause prolongée nous a été d’une grande utilité puisque nos entraîneurs en défensive - Clarke Samways, Reg Richter et moi-même – ont eu le temps de peaufiner une nouvelle stratégie pour contrer Stracina.

Nous avons pris un de nos meilleurs demis défensifs et l’avons assigné uniquement à Stracina. Ce faisant, nous avons transformé la rencontre en un duel à 11 contre 11. Je ne crois pas que Stracina ait capté une autre passe. De toutes mes années à Western, c’est peut-être la prestation défensive la plus impressionnante que j’ai vue.

(Note: Stracina a terminé le match avec 12 réceptions pour des gains de 221 verges, deux records de la Coupe Vanier à l’époque; ses 12 attrapés ont été égalés par Robert Babic de McMaster en 2011, alors que sa marque de 221 verges tient toujours) 

L’autre performance remarquable ce jour-là était venue de notre porteur de ballon Bill Rozalowksy, qui fut nommé joueur le plus utile. Il devait remporter l’honneur une deuxième fois l’année suivante, ce qui n’est pas rien. Ces performances de Rozalowsky et Curran étaient vraiment incroyables. Si nous n’avions pas ralenti leur attaque aérienne, le match aurait été un festival offensif. Et dans un festival offensif, il est difficile de prédire qui va sortir vainqueur. Heureusement pour nous, nous avions dominé la deuxième demie.

(Note: Rozalowsky avait porté le ballon 20 fois pour des gains de 112 verges dans la victoire)

Avez-vous souvenir d’un jeu clé?

Non, pas vraiment. Le jeu clé fut l’assistance des étudiants de Western à la mi-temps. Sans ce délai, la suite aurait pu être difficile pour nous.

Quel moment avez-vous savouré le plus?

Le coup de sifflet final! Nous avions un groupe formidable, un groupe de joueurs qui sont encore très proches aujourd’hui, et cette victoire était un bel accomplissement pour notre programme de football. C’était aussi le premier de deux titres canadiens consécutifs et je crois que nous sommes encore un des seuls programmes à avoir accompli l’exploit avec Laval, Manitoba et Saint Mary’s.

Est-il survenu quelque chose d’inhabituel ou hors de l’ordinaire pendant le match ou pendant la semaine?

Encore une fois, je dois mentionner les étudiants de Western. Je me souviens encore du moment où les officiels ont pénétré dans notre vestiaire et ont dit « Il semble que nous avons un problème avec la foule et vous ne pourrez pas retourner tout de suite sur le terrain. » Nous avons répondu « Laissez-les sur le terrain le plus longtemps possible! »

Comme entraîneurs, avez-vous changé quoi que ce soit dans la routine habituelle en préparation pour le match?

Nous avons essayé de conserver notre routine habituelle le plus possible. Mais vous savez, quand vous arrivez à Toronto, il y a des distractions, et il s’en trouvera toujours un ou deux pour dire « allons prendre une bière ». Nous voulions que les jeunes profitent de l’expérience. Nos joueurs étaient des jeunes hommes responsables. Ils ont eu du plaisir en début de semaine avant de se mettre sérieusement au travail.

Comment avez-vous réagi  - personnellement ou en tant que groupe - au stade et à la foule?

Nos partisans étaient beaucoup plus nombreux que ceux d’Acadia. Dans le dernier droit de la saison, les étudiants de Western se rallient vraiment derrière leur équipe de football. Cela fait partie de l’esprit de camaraderie sur le campus. Ils contribuent beaucoup au succès du programme et l’université en bénéficie également grâce à la couverture médiatique, etc.

Quels sont vos souvenirs des célébrations d’après-match sur le terrain et/ou dans le vestiaire?

Je me souviens qu’il y avait beaucoup de monde sur le terrain et nous nous sommes dit « rentrons au vestiaire avec que ne survienne une blessure. » Dans le vestiaire, les joueurs étaient euphoriques. Ils venaient de vivre des moments qu’ils n’allaient jamais oublier. Honnêtement, je crois que nous avions la meilleure équipe cette journée-là et nous l’avons prouvé en deuxième demie.

Quels sont vos souvenirs du voyage de retour?

Le retour en autobus le lendemain avait été assez spécial car pour la première fois de la saison, nous pouvions simplement relaxer, prendre un moment pour savourer tout ce que nous avions accompli. Je me suis assuré de dire aux joueurs de prendre le temps de savourer le moment présent, de regarder autour d’eux pour qu’ils se rappellent avec qui ils avaient accompli cet exploit. Puis, le lundi, nous nous étions immédiatement remis au travail pour la saison suivante.

Quelle fut la réaction sur le campus à votre retour?

Il y avait eu un certain nombre d’événements pour souligner notre victoire. Notre université faisait toujours du bon boulot de ce côté car tout le monde sait qu’on ne remporte pas des championnats canadiens à tous les jours.

À l’époque, comme cette victoire à la Coupe Vanier a-t-elle changé votre quotidien?

Pour moi, c’était surtout un privilège d’avoir pu partager un tel moment avec un groupe d’individus exceptionnels qui allaient demeurer des amis pour la vie.

À quelle fréquence l’équipe de 1976 se retrouve-t-elle?

L’équipe se retrouve à chaque année lors du week-end officiel des anciens à Western et aussi pour souligner les anniversaires de notre victoire, comme le dixième, le vingtième. Les éditions 1976 et 1977 étaient très proches et les gars organisent aussi des événements à Toronto ou encore à Collingwood, où ils vont skier.

Dans quel programme avez-vous étudié et à quelle université?

J’ai obtenu un baccalauréat et une maîtrise en éducation physique à l’Université de l’Alberta, où j’ai joué au football et au basketball. J’ai ensuite obtenu un doctorat à Ohio State.

À propos de Darwin Semotiuk (courtoisie du Service des sports de l’Université Western):

L’un des plus grands entraîneurs de l’histoire de Western avec un taux de succès de .753 au cours de sa carrière (71-23-1), Darwin Semotiuk a eu un impact important sur l’ensemble du programme des Mustangs à partir de 1971. Il est l’une des figures marquantes du sport à Western en raison de ses contributions comme entraîneur adjoint, entraîneur-chef, directeur des sports et professeur.

Récipiendaire du trophée Frank Tindall en 1976 à titre d’entraîneur de l’année de SIC, Semotiuk a participé aux six conquêtes de la Coupe Vanier par les Mustangs, soit comme adjoint en 1971 et 1974, comme entraîneur-chef en 1976 et 1977, puis comme directeur des sports en 1989 et 1994.

Avant de connaître tant de succès comme entraîneur et administrateur, Semotiuk avait connu une brillante carrière de joueurs avec les Golden Bears de l’Alberta tant au football qu’en basketball, lui qui a été capitaine des deux équipes de 1963 à 1967. Il a participé à la toute première Coupe Vanier (Canadian College Bowl) en 1965 et a ensuite été repêché par les Stampeders de Calgary. Toutefois, au lieu de poursuivre une carrière dans la LCF, Semotiuk s’est joint à l’équipe nationale de basketball du Canada de 1965 à 1967, puis est devenu entraîneur-chef du programme de basketball masculin de l’Université du Manitoba pendant une saison, avant d’entamer son doctorat et de débuter sa carrière à Western en 1971.

Membre du Temple de la renommée des sports de l’Université de l’Alberta et de celui du programme de football de Western, Semotiuk a également été nommé personnalité sportive de l’année à London en 2009. Il a récemment pris sa retraite en tant que professeur à plein temps.