LES ENTREVUES DE LA 50E COUPE VANIER: Matthew Leblanc, Université Laval (2004)
Lors de la 40e Coupe Vanier, la première disputée à l’extérieur de Toronto, le Rouge et Or de l’Université Laval est devenu le quatrième programme de l’histoire à remporter un deuxième titre canadien consécutif grâce à une victoire de 7-1 sur les Huskies de la Saskatchewan au Stade Ivor Wynne à Hamilton. Il s’agissait du plus bas pointage depuis les débuts de la classique automnale en 1965, les deux équipes ne produisant qu’un placement, un touché de sûreté et trois simples. Le receveur recrue Matthew Leblanc avait dû prendre la relève comme botteur de précision ce jour-là et s’était assez bien acquitté de sa tâche pour mériter le trophée Ted Morris remis au joueur par excellence de la rencontre.
LES ENTREVUES DE LA 50E COUPE VANIER: 2004
Une conversation avec...
Matthew Leblanc, receveur & botteur, Rouge et Or de l’Université Laval
Lors de la 40e Coupe Vanier, la première disputée à l’extérieur de Toronto, le Rouge et Or de l’Université Laval est devenu le quatrième programme de l’histoire à remporter un deuxième titre canadien consécutif grâce à une victoire de 7-1 sur les Huskies de la Saskatchewan au Stade Ivor Wynne à Hamilton. Il s’agissait du plus bas pointage depuis les débuts de la classique automnale en 1965, les deux équipes ne produisant qu’un placement, un touché de sûreté et trois simples. Le receveur recrue Matthew Leblanc avait dû prendre la relève comme botteur de précision ce jour-là et s’était assez bien acquitté de sa tâche pour mériter le trophée Ted Morris remis au joueur par excellence de la rencontre.
Quel est votre principal souvenir de la semaine de la Coupe Vanier et de l’expérience en général?
C’était ma première année et donc ma première présence à la Coupe Vanier. Je me rappelle que l’équipe avait reçu une mauvaise nouvelle la semaine juste avant, soit le cancer d’un de nos coéquipiers et joueur d’impact. Cette nouvelle a resserré les liens entre les joueurs de l’édition 2004 avec le sentiment de remporter le match pour l’équipe, mais également pour notre coéquipier et les joueurs blessés qui n’étaient pas en uniforme.
Un beau moment est survenu lors du banquet des étoiles, à l’occasion du discours de Troy Cunningham de Concordia qui avait gagné le trophée J.P. Metras comme meilleur joueur de ligne au Canada. Celui-ci avait dit qu’il échangerait volontiers son trophée pour une chance de jouer dans une Coupe Vanier et se disait content d’avoir joué contre la meilleure équipe au pays, à son avis, pendant la saison.
L’équipe tentait de remporter une deuxième Coupe Vanier consécutive, exploit qui n’est pas arrivé souvent dans l’histoire. Est-ce que les joueurs en parlaient entre eux? Et si oui, qu’en disaient-ils?
C’était assez tranquille de ce côté. Le mot d’ordre était de gagner afin de rendre l’édition 2014 spéciale pour ce qu’elle avait accompli cette année-là. La pente fut abrupte en début de saison suite à la graduation de plusieurs bons éléments en offensive, entre autres celle du quart-arrière étoile Mathieu Bertrand. Les gens ne semblaient pas nous donner beaucoup de chance. Malgré un parcours difficile, à notre manière, la victoire de 7 à 1 au terme d’un match axé sur la défensive fut tout de même mémorable.
(Note: Avant la finale de 2004, le plus bas total de points dans un match de la Coupe Vanier était de 19, soit un gain de 10-9 de l’Alberta sur McMaster en 1967 et une victoire de 16-3 de Queen’s contre UBC en 1978. Queen’s, grâce à un blanchissage de 31-0 sur Saint Mary’s en 1992, est la seule équipe à avoir accordé moins de points que l’édition 2004 du Rouge et Or dans l’histoire de la Coupe Vanier)
Quel est votre principal souvenir du match comme tel?
D’avoir joué un match aussi peu offensif avec un pointage tellement bas. Aucun touché n’avait été inscrit. Chaque jeu semblait être plus important que le dernier. L’interception de Jean-Philippe Lanthier tôt en deuxième demie a été toutefois l’un des moments marquants à mes yeux. Nous avions une solide défensive!
(Note: Laval tirait de l’arrière par 1-0 lorsque Lanthier a intercepté une passe de Steve Bilan à sa propre ligne de 20 verges tôt au troisième quart. Le Rouge et Or avait égalé un record de la Coupe Vanier en interceptant Bilan, membre de la première équipe d’étoiles canadiennes, à cinq reprises, incluant trois fois à l’intérieur de sa propre ligne de 25)
Quel fut le jeu clé du match selon vous?
J’aimerais donner de l’importance à l’offensive, mais c’est impossible pour ce match. Du côté défensif, ce n’est pas un seul jeu, mais plutôt l’ensemble de l’œuvre qui rayonne dans ce match. Pour qu’une défensive n’accorde aucun point dans un match aussi important... Il y a trop de beaux jeux pour n’en nommer qu’un seul.
(Note: La défensive de Laval avait limité la Saskatchewan à 223 verges d’attaque, Bilan ne complétant que 11 de ses 33 passes pour des gains de 113 verges. Les Huskies ont inscrit leur seul point sur un simple suite à un dégagement au premier quart)
Personnellement, quel a été votre plus importante contribution dans le match, votre plus gros jeu?
J’ai été utilisé comme botteur pour le match, car notre botteur régulier s’était blessé pendant les séries. Donc, de pouvoir inscrire des points au tableau comme botteur au lieu de ma position de receveur, je trouvais ça particulier, mais j’étais content d’avoir contribué au succès de l’équipe. J’ai réussi quelques attrapés, quelques courses, mais de dire que j’ai dû effectuer des bottés de placement à la Coupe Vanier demeure un beau souvenir même à ce jour.
(Note: Leblanc avait terminé la rencontre avec trois réceptions pour des gains de 38 verges, une course de 20 verges et un placement de 12 verges, le seul du match, qui procurait une avance de 3-1 au Rouge et Or avec trois minutes à écouler au troisième quart)
L’attaque n’a cumulé que 12 premiers jeux et 259 verges dans le match. Quel était l’état d’esprit de l’unité offensive pendant la rencontre?
On était conscient qu’on ne devait pas faire d’erreur. Il fallait protéger le ballon en ne prenant aucune décision égoïste qui aurait pu compromettre le positionnement sur le terrain et laisser aux Huskies une chance de marquer. Leur défensive avait joué un fort match elle aussi, donc on ne voulait pas faciliter le travail de leur offensive avec un bon positionnement de terrain lorsqu’ils reprenaient le ballon.
Est-il survenu quelque chose d’inhabituel ou hors de l’ordinaire pendant le match ou pendant la semaine?
C’était grandiose comme semaine, mais notre focus était sur le match et nous voulions avoir une semaine normale de préparation, donc la semaine fut très rapide. Tellement rapide que les « à-côtés », je ne les ai pas vraiment.
J’ai pu constater toutefois que les fans du Rouge et Or avaient pris possession du stationnement au stade à Hamilton et avaient fait un tailgate assez grandiose avec la « Merveille », le Booster Club et la prière d’avant-match. J’avais bien aimé que même si on jouait sur la route, nos partisans s’étaient approprié l’espace comme si c’était un match à domicile.
Quels sont vos souvenirs des célébrations d’après-match sur le terrain et/ou dans le vestiaire?
C’était la première fois que je voyais un terrain se remplir de gens aussi rapidement pour nous féliciter. J’étais tellement content d’avoir gagné que lorsqu’ils m’ont nommé comme joueur du match, j’étais trop loin de l’estrade. Et plus tard, j’ai même oublié de prendre le trophée et il est resté avec le comité organisateur. J’étais plus préoccupé de célébrer avec les huit membres de ma famille qui avaient fait la route jusqu’à Hamilton, comme ils l’avaient fait plusieurs fois par le passé. Je tenais à les remercier du support à travers mes années de footballeur.
Une fois dans le vestiaire, je n’ai jamais vu autant de bouteilles de champagne exploser en même temps!
Quelle fut la réaction sur le campus à votre retour?
C’était très agréable de se faire accueillir en champions sur la cité université, par le recteur, les cadres, les administrateurs, et même certains de nos professeurs. Je me rappelle également de la présentation de l’équipe au Colisée dans l’avant-match des Remparts de Québec et de la séance d’autographe qui a suivi. Une semaine haute en émotions, peu de sommeil et un retour pénible sur les bancs d’école pour la fin de session.
À l’époque, comment cette victoire à la Coupe Vanier a-t-elle changé votre quotidien?
Honnêtement, c’est avec la satisfaction du devoir accompli qu’on a terminé cette saison-là. Personne ne peut nous l’enlever. Mais je réalise aujourd’hui l’ampleur de notre victoire lorsque je croise des gens dans la rue et qu’ils m’en parlent encore en commençant leurs discours avec « Te souvient la fois que... ». C’est génial de savoir que cette victoire n’appartient pas seulement à l’équipe, mais à toute une ville, voire même à la province. Je réalise aujourd’hui beaucoup plus l’importance de cette victoire.
À quelle fréquence repensez-vous et discutez-vous de cette victoire à la Coupe Vanier?
Pas trop souvent, c’est chose du passé. Mais en vérité, lorsqu’on croise nos anciens coéquipiers, nous n’avons pas besoin d’en parler pour se comprendre, car seuls les joueurs et entraineurs savent réellement comment nous avons vécu ce moment, mais surtout toute cette saison-là. C’est difficile de mettre des mots sur une saison, une année et une Coupe Vanier aussi spéciale.